One Day~ [w/ Takara Haru]

Qui a dit que les journées à la Dispatch se ressemblaient ? Certainement pas le superviseur. Et même si c’était le cas de son point de vue, il ne l’admettrait pas, il se contenterait de se faire la remarque pour lui-même. Mais de toute façon, cela ne risquait pas d’arriver. Pourquoi ? Parce que déjà, il pouvait être sûr et certain de ne jamais voir le même nom plusieurs fois sur sa liste. …Si c’est un bon argument. Ou qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour essayer d’avoir raison. Ou plutôt, que faire pour tuer le temps en attendant qu’un supérieur daigne enfin vous lâcher. Oui, généralement, il montrait du respect envers eux, mas là, cela devait bien être la quatrième fois qu’il lui répétait la même chose. Merlin, il n’était sourd ! Ni abruti au point qu’il faille lui répéter plusieurs fois quelque chose. S’il y avait bien une chose que le brun haïssait, c’était bien qu’on le prenne pour un crétin. Mais bon, autant faire la liste de ce qu’il ne haïssait pas, cela ira beaucoup plus vite. Et une fois de plus, il ne daignera pas l’admettre. L’impertinent qui oserait faire une quelconque remarque là-dessus verrait certainement et bizarrement des heures supplémentaires se profiler dans son horaire.

Enfin, là n’était pas la question pour le moment. Remontant une nouvelle fois ses lunettes, le superviseur remarqua que ce simple geste semblait déranger son interlocuteur. En même temps, cela faisait facilement la dixième fois qu’il le faisait en cinq minutes. Mais il ne ferait rien pour arrêter de le faire, même avec un minimum de volonté, ce serait certainement plus fort que lui, il ne pourrait s’empêcher de remonter ses verres. Celui qui arriverait à le débarrasser de ce tic n’était pas encore né. …Oh ? Se pourrait-il que le Shinigami qui lui faisait face avait enfin fini de parler ? Il pourrait enfin vaquer à ses occupations qui n’étaient pas des moindres ? Non mais c’était qu’il avait légèrement une pile de dossiers qui l’attendait. Et des Faucheurs sous ses ordres. Si on attendait de lui à ce qu’il gère bien le tout, il faudrait peut-être veiller à ne pas le garder trop longtemps dans cette pièce non ?

Quoiqu’il en soit, après les échanges de formules de politesse, William pût quitter la pièce, et regagner son cher bureau. Franchement, le convoquer en plein milieu de la journée, ils n’auraient pas pu faire mieux. Malin. Très malin. Maintenant il avait certainement du retard et une fois de plus, il ne finirait pas à l’heure prévue. Ou comment essayer de rester positif. Mais ce dernier mot était rayé de son vocabulaire. Ou plutôt, il ne voulait pas le voir entrer dans son vocabulaire. Enfin, au lieu de monologuer avec lui-même et de débattre sur des questions plus inutiles les unes que les autres, il ferait mieux de s’occuper de ses dits papiers.

S’asseyant donc, il remonta une nouvelle fois ses lunettes avant de se mettre à la tâche. Et il ne lui fallut pas énormément de temps avant de remarquer qu’il devrait aller sur le terrain lui aussi aujourd’hui. Cela ne lui ferait que le plus grand bien de bouger un peu. Mais il n’empêche que c’était incroyable qu’il doive mettre la ‘main à la pâte’ aussi souvent. Franchement, il ne faisait plus partie de la Division de collecte d’âmes, il était censé la superviser. Bon, ce n’était pas tout, mais le reste des papiers attendraient son retour, la Mort elle contrairement à eux, n’avait aucune patience, et si elle décidait de prendre quelqu’un à telle heure, elle ne la changerait en rien, quoique l’on puisse faire.

Sortant donc de la Dispatch, William se rendit à Londres, en plein centre-ville pour être plus exact. Tch. Il y avait beaucoup trop de monde à son goût. Fronçant encore un peu plus les sourcils, le Shinigami remonta pour la énième fois ses lunettes avant de reprendre son chemin, se dirigeant vers l’endroit où il devrait s’occuper de l’âme de l’Humain dont le nom était inscrit sur la Liste. Rien de bien passionnant. Aux vus des écrits, ladite personne allait simplement mourir naturellement. Quelle originalité. Non mais ce n’était pas ça qui allait réussir à le distraire un minimum. Même s’il fallait bien avouer que pour le distraire, il faudrait fournir d’immenses efforts. Soit. Même si il ne semblait pas des plus intéressants, il fallait bien qu’il s’occupe de son cas. Ce fut d’ailleurs ce qu’il fit durant les minutes qui suivirent. Et tout comme il l’avait prédit, il ne servirait à rien de sauver son âme. Ce fût donc sans aucun remord qu’il acheva ladite personne avant de prendre sa Liste, tamponnant une feuille

’-Dossier complet.’

Lança-t-il plus pour lui-même qu’autre chose, avant de regagner la foule qu’il avait réussi à éviter quelques instants plus tôt. Non franchement, ce n’était pas sa tasse de thé. Derrière lui : une multitude d’humain. A sa gauche : des humains. A sa droite : Oh ! Encore des humains ! Et devant lui, quelle surprise, des hu…Mu ? C’était lui, où il n’y avait pas essentiellement que des humains ? Il avait l’impression qu’une des personnes qui lui faisaient face ne l’était pas. Ou pas totalement du moins. Remontant encore une fois ses lunettes, il dévisagea ceux qui marchaient dans le sens opposé, avant que son attention ne soit retenue sur une jeune femme. C’était elle, qui portait comme un semblant de l’odeur d’un Démon. Et Merlin seul savait ô combien le superviseur les haïssait, quelque qu’ils soient. Exécutant donc un demi-tour, et abandonnant l’idée de rentrer tout de suite à la Dispatch, le Faucheur décida de la suivre. Après tout, il avait un énorme doute, et il n’aimait pas ne pas être certain de quoique ce soit. Cela lui donnait l’impression de ne pas avoir la situation en main. En tout cas, pour la discrétion, il repasserait une nouvelle fois. En même temps, ce n’était pas non plus comme s’il cherchait à l’être. Si la personne qu’il suivait le remarquait…Et bien au moins, il pourrait lui demander directement.

Les sourcils toujours froncés, William continua son chemin, suivant toujours la personne qui avait attiré son attention. S’agissait-il d’un Démon ou non ? Telle était la question existentielle – ou pas- que le superviseur essayait d’élucider. Si la réponse était affirmative, il était sûr et certain que la jeune femme n’entrerait pas dans ses bonnes grâces. Si ce n’était pas le cas…Elle n’y entrerait pas non plus. Tout simplement parce qu’elle lui aurait fait perdre du temps inutilement. Oui, il n’était pas obligé de la suivre à la trace, mais c’était un ennemi potentiel non ? Elle pouvait très bien être à la recherche d’une –voir même plusieurs- âme. Il se ferait un plaisir de l’en empêcher. Ce serait comme une sorte de vengeance pour toutes les fois où les Démons dont il avait croisé la route avaient à leur tour pris une des âmes qui s’était trouvée sur sa Liste. Seulement, il fallait d’abord être certain qu’il s’agissait bel et bien d’un de ses factieux avant de faire quoique ce soit.

Quoiqu’il en soit, il la vit tourner dans une ruelle adjointe à la principale, dans laquelle ils se trouvaient quelques secondes auparavant. L’avait-elle repéré ou se contentait-elle de rentrer tranquillement chez elle ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais il allait quand même lui emboîter le pas. Quand il s’agissait de s’éloigner de la foule, il ne se faisait absolument pas prier. Surtout que la plupart des personnes composant cette foule semblaient se retourner pour mieux l’observer. Franchement, il n’avait jamais vu quelqu’un de leur vie ? Bon. D’accord. Peut-être que s’il était à leur place, et qu’en face de lui arrivait un type tiré à quatre épingles, l’air renfrogné et se trimballant avec un sécateur, il se poserait quelques questions. Sauf que ce n’était pas le cas, et qu’il était le type en question. Certes, il aurait très bien pu ranger sa Death Scythe, mais il n’en avait pas la moindre envie. Pourquoi devrait-il le faire ? Pour que les Humains le prennent pour l’un des leurs ? Tch. Ridicule. Une bonne partie remarquerait sans aucun doute ses yeux, alors si c’est pour de toute façon se faire remarquer d’une manière ou d’une autre, il n’y avait aucune raison de se fatiguer à ranger sa Faux. Surtout qu’il devrait peut-être l’utiliser dans les instants qui allaient venir.

Remontant ses lunettes comme à son habitude, il s’engagea à son tour dans la ruelle. Qui se trouva être une impasse. Bon, vu le manque de maisons qu’il y avait, la possibilité comme quoi elle rentrait chez elle pouvait être éliminée. Ce qui ne laissait donc que le fait qu’elle l’avait repéré. Ou en tout cas qu’elle se sentait suivie. Tant qu’à faire, maintenant qu’il était en face d’elle, et qu’elle le fixait, il n’allait pas faire demi-tour l’air de rien. Ce serait parfaitement ridicule. Surtout qu’il n’était pas du genre à fuir à la première occasion, face à l’adversité ou non. Cependant, il s’arrêta à quelques mètres, ne cherchant pas non plus à la coller. La proximité était une chose à rajouter dans la liste de ce qu’il n’aimait pas.

’-Certainement pas, je ne m’abaisserais pas à une telle chose, franchement…’

Même si la Reine était la figure emblématique de l’Angleterre, elle n’en restait pas moins une humaine à ses yeux qui mourrait bien un jour ou l’autre. De son point de vue, elle n’avait strictement rien de spécial, et il n’allait certainement pas lui proposer ses services. C’était certainement tout simplement interdit par les Règles qui plus est. Remontant une nouvelle fois ses lunettes à l’aide de sa Faux, il regarda quelques instants son interlocutrice avant de reprendre la parole.

’-William T. Spears, superviseur à la Shinigami Dispatch Society.’

Autant se présenter, il faudrait bien le faire à un moment ou à un autre. Non il n’avait décliné délibérément son identité de Faucheur pour voir si son interlocutrice allait ou non réagir. Absolument pas. Même s’il était certain que c’était une Humaine, et qu’elle lui aurait demandé de se présenter, il l’aurait fait exactement de la même manière. Certains le traitait de cas social, c’était peut-être bel et bien le cas. Non, sûrement. Il devait certainement être le seul Dieu de la Mort qui se présentait de la sorte. Mais bon, il fallait dire qu’il n’avait jamais été doué dans les conversations. Haussant un sourcil, il se décida à reprendre la parole

’-Seriez-vous quelque chose , de dérangeant pour la Reine pour que vous pensiez qu’elle envoie des hommes à votre suite ?’

Il avait répondu à sa question, donc il espérait bien maintenant qu’elle en fasse de même. Si ce n’était pas le cas…il trouverait un moyen de savoir si oui ou non il s’agissait d’un Démon. Franchement, ces derniers étaient beaucoup trop nombreux à son goût. S’ils n’existaient tout simplement pas, tout serait beaucoup plus facile ne fait. Ils pourraient faire leur travail tranquillement, sans avoir la crainte qu’on ne leur ‘vole’ des âmes. Les Humains pourraient mourir tranquillement. Seulement ce n’était pas le cas. Malheureusement tout n’allait pas comme il le souhaitait. Dommage.